LA POLITIQUE INDUSTRIELLE AU SERVICE DE
L’ACCOMPAGNEMENT DES CHANGEMENTS SOCIETAUX
Le retour de la politique industrielle, opéré
depuis quelques années en mettant l’accent sur le renouvellement du tissu
productif, a conduit l’Etat à réorienter cette démarche, notamment, au travers
de la politique publique d’intelligence économique, vers le soutien à la
compétitivité des entreprises, en mettant également en oeuvre une politique
d’innovation de type « bottom-up », tout en s’appuyant sur des écosystèmes tels
que les pôles de compétitivité.
Aussi, avant même de chercher à identifier les
éventuels secteurs considérés comme stratégiques, importe-t-il d’identifier les
mutations et changements en cours, au rang desquels :
· Le changement climatique ;
· Le vieillissement de la population ;
· La pression croissante sur les matières premières
(matières premières minérales, énergétiques et alimentaires) du fait de l’accroissement
mondial de population. ainsi que de l’augmentation du niveau de vie ;
· Le développement et la transformation des
échanges liés à la mondialisation et impactés par la montée en puissance des technologies
de l’information.
Comme le souligne le rapport du Centre
d’Analyse Stratégique de septembre 20111, « les politiques industrielles ne
s’attachent plus seulement à accroître la compétitivité des entreprises » mais visent
plus globalement à « accompagner les
changements sociétaux ».
DU CONSTAT DE L’INTERDEPENDANCE A L’IDENTIFICATION
DES CHAINONS MANQUANTS
Pour analyser cette situation, il est nécessaire
de partir du constat de l’interdépendance de plus en plus grande entre
fabrication et services. Les activités qui génèrent le plus de valeur ajoutée –
donc les plus difficiles à répliquer – sont des mix de fabrication et de
services. Ce sont donc ces interactions, ces liens qu’il convient d’étudier.
Dans le même temps, des rapports sortent régulièrement
dans de nombreux pays sur la désindustrialisation et ses conséquences pour les économies
concernées.
L’un des éléments sur lequel il faut se
focaliser tout particulièrement est celui des chaînons manquants, et ce à deux
titres.
Tout d’abord, au niveau des capacités de production
dont on aurait perdu l’expertise et qui peuvent se révéler critiques en aval de
la chaîne de valeur.
Ensuite, en termes d’écosystèmes industriels,
c’est-à-dire la capacité à favoriser l’émergence de nouvelles entreprises
(capacité de financement, environnement réglementaire, écosystème d’accompagnement
etc). : pour que le processus de destruction créatrice de Schumpeter puisse opérer,
cet écosystème industriel est indispensable.
VERS LA CONSTITUTION D’ECOSYSTEMES
INDUSTRIELS
Or, aujourd’hui, les technologies numériques
tout comme l’ouverture des frontières permettent la constitution de
partenariats internationaux, avec leurs lots d’opportunités et de risques pour
les entreprises. Dès lors, la question qui émerge est : quel type de
fabrication devons-nous conserver en France pour développer un écosystème
industriel ?
Au niveau européen, la promotion des
technologies clés génériques – la microélectronique et la nanoélectronique, les
matériaux avancés, la biotechnologie industrielle, la photonique, les nanotechnologies
et les systèmes avancés de fabrication – réalisée par la Commission,
doit contribuer à inverser la tendance actuelle à la désindustrialisation, et à
accélérer la production de produits issus de ces technologies clés afin de stimuler
la croissance et l’emploi. Les Etats membres et les régions sont invités à
mettre en oeuvre des stratégies de spécialisation « intelligente » et à
promouvoir des actions spécifiques pour les technologies clés génériques basées
sur des clusters.
L’ouverture de l’économie mondiale et le développement
de capacités de production – y compris à fort contenu technologique – ont révolutionné
la chaîne de conception de la R&D à la réalisation, conduisant à une
économie fragmentée entre recherche, développement, production et distribution.
S’il est important de percevoir les causes de ces mutations, leurs conséquences
commencent seulement à être appréhendées.
Les chaînons manquants dans l’écosystème industriel
représentent l’obstacle majeur à la réindustrialisation de notre territoire –
constat valable pour les autres pays également. Ces chaînons manquants
constituent de réelles défaillances de marché au sens économique du terme. La
France tout comme de nombreux autres pays a en particulier mis l’accent sur le développement
de pôles de compétitivité ou de clusters avec des succès notables, ce qui
n’exclue pas de chercher à améliorer le dispositif. Les pôles de compétitivité,
n’ont en effet pas permis de voir émerger une vision stratégique d’ensemble.
Pour autant, comme le souligne le rapport de
l’Institute for Defense Analyses dans son analyse des facteurs et des tendances
susceptibles d’influencer la production manufacturière, les dix prochaines
années devraient conduire à une forte augmentation de la robotisation des
processus industriels ainsi qu’à un accroissement de l’utilisation de
technologies de l’information d’où un avantage concurrentiel décisif pour les
acteurs qui sauront se positionner en avance de phase tant dans la robotique
que dans l’économie numérique.
L’EXEMPLE DES LABORATOIRES VIVANTS DANS
L’ACCOMPAGNEMENT DES PROJETS INNOVANTS
La constitution d’un environnement
industriel avec des entreprises de secteurs différents conduit à privilégier
des interdépendances – colocalisées – entre activités complémentaires, plutôt
qu’au sein d’activités spécialisées comme c’est le cas dans un
cluster, ce qui permet aussi de meilleurs
courbes de croissance ainsi que de création d’emplois. La création de « biens
partagés » entre acteurs d’un tel écosystème industriel, semble receler de réelles
promesses.
Source : SCIE